Gérer une chasse au petit gibier devient de plus en plus difficile à notre époque. La régulation des prédateurs est un long travail, entre les méandres de l’administration et les incompréhensions écologiques. Et maintenir une population de faisans passe souvent par une opération de repeuplement.
La seule méthode pour réintroduire un gibier qui se défend, se reproduit er reste sur le territoire est la méthode de l’élevage de poussins de gibier sous poules naines. Cet article va en exposer le détail pratique issu d’une longue expérience acquise sur mon territoire condruzien.
Tout d’abord, il faut disposer d’un capital de petites poules (anglaises ou nègre-soie). J’en garde en permanence une quinzaine chez moi, sauf quand un renard s’est servi.
Certaines ont des envies de couver dès février. Je les empêche. Ce n’est que mi-avril que je ne ramasse plus les œufs. De cette manière, au bout de deux à trois semaines, plusieurs poules se mettent à couver plus ou moins ensemble. Quand elles couvent depuis au moins 15 jours, elles sont prêtes à adopter.
Conditions météo de printemps, capacité d’accueil, eau et lutte contre les prédateurs sont les clés du succès du Faisan.
Une méthode consiste à placer des œufs de faisans sous la poule, mais le transport des œufs et le risque de casse rend la réussite assez aléatoire. Je préfère leur confier des faisandeaux dits « d’un jour » que j’achète chez un éleveur. En fait, ces faisandeaux sont nés depuis au moins 48 heures ce qui leur garantit d’être bien secs pour leur transport.
Je prévois ainsi quinze faisandeaux par poule. Afin de faciliter leur adoption qui est parfois délicate, je dispose la poule sous une petite caisse en carton et j’introduis dessous les poussins. Le lendemain matin, je retire la caisse. Et le tour est joué !
Deux fois deux semaines
Pendant deux semaines, la poule qui reste dans sa caisse avec des barreaux écartés de 5 cm pour laisser passer les poussins, est à l’abri chez moi. Les poussins, nourris à la farine premier âge, peuvent circuler sur un petit parcours établi autour de leurs caisses. Ensuite, à 15 jours, nous transportons les poules et les poussins au bois. Là, ils ont droit à un petit enclos (grillage et fer à béton) d’où ils peuvent voir leur environnement et les dangers qui les guettent.
Un espace grillagé permet aux faisandeaux de découvrir leur environnement.
Ensuite, après encore 15 jours (ils sont donc âgés d’un mois), nous enlevons le parcours grillagé. Ces faisandeaux sont en liberté, autour de la poule toujours dans sa cage d’où elle rappelle ses petits au moindre danger. Il est amusant de constater, dès l’apparition d’un rapace, les cris de rappel de la poule et le retour immédiat des faisandeaux dans la cage. À ce moment, les faisandeaux sont nourris de granulés 2ème âge. La poule arrête en général de rappeler ses poussins aux alentours de la 7ème ou 8ème semaine. À ce moment, je reprends mes cages et rend mes poules à leur liberté dans mon jardin. Mission accomplie.
L’avant de la caisse est constitué de barreaux verticaux espacés de 3 à 5 cm pour permettre aux jeunes de sortir.
Fidèles au territoire
Les faisandeaux ainsi élevés restent sur le territoire et sont capables de se défendre. L’année dernière, j’ai montré à plus d’un une nichée de 12 poussins à qui j’avais repris la poule le 7 juillet. Le 27 septembre, circulaient toujours à l’endroit du lâcher 11 des 12 poussins (reconnaissables par la présence de 2 obscurs parmi eux). Sur notre chasse, nous menons cette expérience depuis 9 ans. Et, malgré la difficulté de maintenir du petit gibier dans le Condroz, nous avons plus que tout autre dans la région des nichées sauvages. Je suis convaincu que cela résulte du fait de ce genre de lâchers.
Ces faisandeaux ont appris à vivre dans la nature, se nourrir, se protéger des prédateurs et ont été imprégnés d’un comportement maternel.
Ma conviction profonde est que le résultat de cet élevage est nettement plus efficace que les méthodes de lâcher classiques.
Philippe DANTHINE, membre de la Ligue des Chasseurs
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